Dr Fraschini. 05.08.2021. HPI vaut pour haut potentiel intellectuel, HPE pour Haut potentiel émotionnel.
HPI – HPE, ça n’est ni bien, ni mal. Simplement, il faut des outils.
Si l’espèce humaine a été produite par l’univers, elle continue à "évoluer", disons plutôt changer. Tout ce temps, toutes ces générations, cette accumulation de savoirs, n’a eu de cesse que de bouleverser, d’inquiéter, et non pas de rassurer et renforcer.
Tout d’abord, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le HPI – HPE, est « un être conscient ».
Dans le monde d’aujourd’hui, tout un chacun sait accumuler. Donc l’absence de désir, si cher à bouddha, est assez peu compréhensible. En effet, il faut du temps, il faut beaucoup de temps, pour avoir la sensation de l’ennui, et pour comprendre ce que c’est que le désir, à la différence de l’envie. C’est le temps libre, un espace temporel, un intervalle temporel à occuper, qui va laisser une place à l’émergence du désir. Ça peut sembler évident, mais ce qui est évident c’est qu’actuellement c’est pas du tout le cas ! Vous êtes à la merci de votre internet, de votre télévision, de votre téléphone mobile, de multiples médias sans parler des journaux, des affiches, des terrasses de café qui vous attirent comme guidés par des poissons pilotes !
Donc le blues du HPI-HPE, à mon avis, ce n’est pas un désir sans fin. C’est (juste !) une ouverture d’esprit, très difficile à canaliser. Difficile à canaliser du fait du manque d’outils. Canaliser ses pensées, canaliser ses perceptions internes, l’élaboration mentale, cela demande un savoir-faire.
Un des points cruciaux, est en effet le caractère « hyper stimulable » du HPI – HPE. Le moindre petit caillou jeté qui vient perturber la surface de l’eau des émotions du HPI – HPE, va provoquer des mini tsunamis interminables et qui remettent en cause des choses qui en principe ne sont pas associées entre elles.
Donc un des moyens de s’en sortir, pour le HPI-HPE, c’est de s’isoler. Le premier travail du HPI-HPE, c’est d’apprendre à s’isoler, qui ne correspond pas à un abandon par les autres. Un des premiers travaux à effectuer pour notre héros, c’est de rationaliser sa peur de l’abandon. Je dis bien rationaliser, car c’est en faisant travailler son cerveau cognitif, pour rassurer petit à petit « un moi trop sensible ».
Je ne crois pas que chez le HPI – HPE, il y ait une dépression infantile précoce (DIP), mais plutôt des traits de caractère abandonnique. Cela vient du HPE, qui provoque chez l’enfant un attachement intense à son objet d’émois instinctuels, et créer un traumatisme infantile. Le HPI ne permet pas de compenser le HPE qui souffre intimement, et intensément, de manière prolongée, car le HPE ne connaît pas le temps. En effet, ce sera uniquement quand le HPE se sera un petit peu calmé, par la connaissance et la nomination des émotions en cause dans la souffrance, que pourra se mettre en place un calme qui peut permettre une forme d’apprentissage de la canalisation, non pas seulement mentale comme le croient les psychanalystes, mais avec une harmonie du nombril, du cœur et du cerveau (les trois Dan Tien du Taoïsme).
Le HPI – HPE, doit apprendre, non seulement à s’isoler des stimuli extérieurs, mais à prendre le temps de laisser émerger un calme intérieur. Ce sera seulement à ce moment-là que, il ne sera plus « hyper préoccupé » par la peur de l’abandon, ou le besoin de confort, et seulement dans ces conditions-là, il pourra continuer à œuvrer pour la séparation-individuation.
Le HPI-HPE amplifie tous les phénomènes normaux.
Freud a raison, la plupart des étapes précoces de la vie infantile sont refoulées. Il y a donc la nécessité d’un travail psychique, pour interpréter tous les échecs au refoulement et permettre une communication avec son propre inconscient. Mais ce n’est pas l’objet du jour. L’objet du jour, est de se consacrer à ce qui est déjà conscient. En effet, beaucoup d’émotions consciemment perçues nécessitent un savoir-faire avec. C’est ce qui est proposé ici.
Le travail de séparation-individuation, se manifeste à tout moment chez le HPI – HPE. C’est cette peur au ventre, lancinante, et peut-être que cela correspond même à ce sentiment confus de se savoir mortel. N’est-ce pas la racine du mal chez le HPI – HPE ? Chaque instant, chaque millième de seconde n’est jamais que le rappel de cette mortalité indépassable inscrite en chacun, et provoquant une souffrance.
Dans le cas général, l’attachement à la mère est au contraire de ce qui se passe chez le HPI – HPE, une réassurance, un plaisir d’être ensemble. Chez le HPI – HPE, ça n’est pas le cas, car les séquences temporelles sont traumatisantes du fait qu’elles sont temporaires, inscrites dans un certain temps qui de toute façon prendra fin et mémorisé comme ayant pris fin trop tôt ! Autrement dit, le commun des mortels va retenir les effusions émotionnelles de bien-être mère-bébé, alors que le HPI – HPE, lui, ne va retenir que la possibilité advenue de la fin de l’instant émotionnel si doux.
Après l’allaitement, il y a le plaisir de se sentir repu, le sentiment d’avoir été l’objet choisi pour bénéficier d’un Don, et donc de se représenter à soi-même comme un sujet ayant une grande valeur, se représenter à soi-même comme particulièrement aimable. Qu'est-ce qui a plus de valeur aux yeux de chacun, que de se savoir aimé !
On touche là au cœur de la séparation-individuation. Il faut être suffisamment tranquille avec soi-même, avec ses peurs, pour pouvoir se séparer de sa source de vie, et donc s’individualiser.
Le premier travail du HPI – HPE, c’est donc une simple acceptation, que le prix à payer de l’autonomie est de surmonter la peur de l’abandon.
Le HPI – HPE, est hyper stimulable, donc ce qu’il lui faut c’est du calme. Le HPI-HPE, doit donc apprendre avant tout à s’isoler de l’environnement. Et à la différence de la population générale qui veut toujours plus, peu importe le sens jusqu’à en perdre le sens, le HPI-HPE, lui, privilégie la cohérence globale. Il peut cependant parfois se perdre en route, ce sera alors d’autant plus douloureux pour lui. Dans la population générale, le désir se projette sur n’importe quelle stimulation, d’où cette course effrénée à la consommation. Il y a donc adéquation ! un sujet tente de satisfaire un désir déjà là.
Mais comme l’a montré si fabuleusement le bouddha révélé, il faut calmer le désir. La libération est alors l’absence de désir, et non le refus face à son désir.
Dans le cas du HPI – HPE, la méditation n’a de sens que de s’extirper des stimuli externes. Cela permet à l’onde de choc, sensorielle, émotionnelle, cognitive, de se tarir, et de permettre ainsi, et seulement ainsi, l’émergence d’un temps où ils peuvent mettre en phase la nature, le cœur, et le cognitif. Cela permettra ensuite, et ensuite seulement, la conscience d’un désir chargé de sens, et non toutes ses défenses, évidemment inefficaces, que met en place cette population.
Si on récapitule, chez les HPI– HPE, il y a d’abord faire le calme extérieur, ensuite faire le calme intérieur, et ensuite seulement un désir se permettra d’émerger, c’est ça que l’on appelle la créativité.
Ainsi donc, chez les HPI – HPE, tout n’est pas donné d’avance, il faut acquérir de la méthode.
Donc cherchez-vous votre propre caverne, elle n’est pas forcément au fin fond de l’Inde, ou en haut de l’Everest, ou caché dans LE ou LA partenaire idéal.e.
Elle est très probablement tout près de vous. Cela correspond à ce que le tarot médiéval appelle la carte du pendu, cela veut dire porter un autre regard sur son environnement, ses perceptions, sa conscience. Cela veut dire penser hors cadre et correspond aussi à la pensée orthogonale chez Jon Kabat-Zinn, le pape de la pleine conscience et initiateur de son indication en psychosomatique.
Il faut donc du repos, du calme, cela veut dire laisser-aller librement ses pensées, car focaliser son attention consomme beaucoup d’énergie pour inhiber les parties cérébrales non nécessaires à cette activité précise. Ensuite seulement, la capacité de méditation est restaurée et puissante. C’est de cette manière, que pourra se manifester un désir de création, le désir d'agir et de faire. Restera ensuite la question de comment faire.
Donc les HPI-HPE, contrairement à ce qu’on croit, font tout plus lentement.
Pourquoi ? Essayez de rouler en ville avec une Ferrari. Chaque petit trou risque d’endommager les amortisseurs et faire toucher la caisse, vous ne pouvez pas vous garer…les ruelles sont trop étroites, les camions ne vous voient même pas ! … Le HPI-HPE a besoin de se calmer à chaque instant, de réfléchir à comment font les autres, suivre le bon protocole, celui des normo-pensants pour les normo-pensants, prendre du recul sur cette impression de carnaval permanent, et de s’émotionner pour un oui pour un non… Donc se concentrer sur le protocole normo-pensant, c’est se mettre en parenthèses et s’adapter, c’est fatigant et sa prend de l’énergie, donc quand on est fatigué on doit se reposer, donc on fait tout lentement. Et en plus quand on pense beaucoup on risque de se perdre en route, donc partir dans tous les sens, et donc aller encore plus lentement… Quand on pense beaucoup on veut faire plein de choses, donc on commence plein de choses, donc il faut plus de temps pour enfin arriver au bout des choses. Et comme c’est le chemin qui est la vérité, on se perd encore plus en chemin, avec un risque de perte de pertinence même s’il n’y a pas de perte de cohérence.
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